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La Commune n’est pas responsable et l’association est condamnée 

Condamnations d’une association et d’un ingénieur lumière pour homicide involontaire après le décès d’une chanteuse au cours d’un festival organisé dans une église. L’artiste, qui avait l’habitude de se produire pieds nus, est morte électrocutée au moment de descendre de la scène pour rejoindre le public, lorsque son pied droit a pris appui sur le sol. Pour le festival, la mairie avait fait installer un coffre électrique temporaire en plus de l’installation fixe. Toutes les prises étaient protégées par des disjoncteurs différentiels 30 ampères (ces derniers peuvent couper le courant afin d’éviter les accidents). Sur ce coffret, il y avait un bornier (situé dans le tableau électrique, cet élément permet de relier un ou plusieurs conducteurs au reste de l’installation, comme une sorte de « pont » de distribution). Lorsque l’intermittent du spectacle en charge de la lumière a voulu brancher les projecteurs, il s’était aperçu que sa prise ne correspond pas à celles du tableau. Il avait alors décidé de dévisser le bornier et de faire son propre raccordement électrique. Les expertises soulignent que le matériel de lumière a été « bricolé de manière artisanale », et était vicié et dangereux. Un des projecteurs occasionnait des courants de fuite, ce qui aurait causé directement le drame. En outre, le câble qui alimentait le micro de la chanteuse, fourni par l’ingénieur du son, était lui-même défectueux : l’un des fils n’était pas isolé et faisait contact avec une pièce métallique. Cette défectuosité, combinée au courant de fuite au sol occasionné par le projecteur, a entraîné l’électrocution. L’ingénieur lumière est condamné à 18 mois d’emprisonnement avec sursis et à cinq ans d’interdiction d’exercer. Il se défendait en soulignant qu’il avait assuré plus de 3000 spectacles en 30 ans de carrière sans aucun accident et qu’il pensait que l’installation était protégée. Le tribunal lui reproche son absence d’habilitation électrique et de ne pas être allé chercher de l’aide lorsqu’il s’est aperçu que les prises ne coïncidaient pas. L’association organisatrice est condamnée à 20 000 euros d’amende avec sursis, le tribunal lui reprochant de ne pas avoir vérifié ou fait vérifier les installations électriques temporaires. Également poursuivi l’ingénieur du son est revanche relaxé. La commune avait été mise en examen mais avait bénéficié d’un non-lieu.

Tribunal correctionnel de Cahors, 16 février 2023