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Victime de l’attentat du 14 juillet, une Niçoise crée une association pour soutenir les enfants

En mars, Hager ben Aouissi a fondé l’association « Une voie des enfants », 14 juillet 2016. Outre les soutenir, elle vise à faire évoluer les conditions de suivi des enfants victimes de cet attentat.

L’ambiance était détendue, ce lundi au parc Paradisio de Nice. Des nappes de pique-nique s’étendaient doucement, les enfants jouaient, riaient… sous les regards de leurs parents. Pourtant, les personnes réunies étaient liées par un sujet tragique: l’attentat du 14 juillet 2016.

Au milieu de ce rassemblement: Hager ben Aouissi. La jeune femme est la maman de Kenza, une petite fille de bientôt dix ans, qui en avait cinq lors du terrible événement. En mars, elle a fondé l’association Une voie des enfants, 14 juillet 2016. Qui compte déjà une trentaine de membres.

Écouter les enfants
« Les enfants sont un sujet à part entière, ils méritent une association dédiée, qui n’existait pas », explique-t-elle. Presque six ans après les faits, ils conservent – comme les adultes – des séquelles terribles.

« Ce sont des enfants qui prennent de la mélatonine pour dormir, de l’atarax pour combattre leurs angoisses… ils restent lourdement handicapés dans leur vie quotidienne », explique Hager ben Aouissi. Particulièrement bien accompagnées aux lendemains de l’attentat, les familles regrettent que ce suivi s’essouffle maintenant.

La fondatrice et présidente de l’association plaide pour des consultations psychologiques moins espacées. « Certains enfants ont rendez-vous tous les deux ou trois mois, voire deux fois par an. Ce n’est pas assez », souligne-t-elle. Elle pense aussi à des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AVS) et des auxiliaires de vie, pour soulager les parents, les aider à reprendre une vie normale. Et que les institutions qui encadrent les enfants prennent conscience du problème.

Avant d’ajouter: « on ne remet la faute sur personne, c’est la première fois qu’autant d’enfants sont touchés. Mais on a besoin de soutien. »

Et soulager les parents
Tous les parents présents font le même constat: l’état de leurs enfants varie. Le moindre événement peut entraîner une rechute, une crise d’angoisse… au point de ne pas pouvoir aller à l’école.

« En tant que parents de petites victimes, on a la double peine. On porte notre poids, et celui de nos enfants. Qui sont de futurs adultes. Si on ne prend pas maintenant le temps de les écouter, ça peut être catastrophique », poursuit Laëtitia, secrétaire adjointe de l’association.

Sa fille, âgée de 18 ans aujourd’hui, en avait 12 au moment de l’attentat. « C’est une adolescente réservée, casanière, qui peut faire des crises de colère. Une petite bombe à retardement », sourit-elle. Pendant ces moments, Laëtitia peut avoir besoin de parler à un professionnel.

« Mais on n’arrive pas toujours à avoir quelqu’un. Quand nos enfants sont en crise, on n’a pas les réponses à tout. On apprend les bons gestes et les bons mots mais on peut, nous aussi, être usés et fatigués », poursuit-elle.

En attendant des avancées concrètes, ils étaient une quarantaine, lundi, à se raconter ce qu’ils ont vécu et comment ils avancent.

« Psychologiquement, ce genre de rendez-vous fait du bien », confirme Lalatiana. Avec son mari et ses trois enfants, ils se remettent doucement de ce qu’ils ont vécu. « On adhère à toutes les associations d’aide aux victimes. On se soutient entre nous, on en a tellement besoin », achève-t-elle.