Pénurie de main d’œuvre : le cri d’alarme d’une association d’insertion à Honfleur
L’association d’insertion Être et Boulot, qui embauche et forme des salariés sortis du monde du travail pour les aider à trouver un emploi, souffre d’un manque de candidats.
Les difficultés de recrutement ne touchent pas seulement le secteur marchand. À Honfleur (Calvados) l’association Être et Boulot, qui offre du travail à des personnes en besoin d’insertion, des postes ne sont toujours pas pourvus, et c’est l’avenir de l’association même qui est remis en question :
« la situation s’annonce catastrophique »
s’inquiète Pierre Levallois, directeur de la structure qui emploie 33 équivalents temps plein dans quatre domaines d’intervention : le maraîchage biologique, l‘entretien d’espaces verts, l’atelier textile, et la ressourcerie.
33 équivalents temps, pour 42 postes au total… C’est donc une dizaine de personnes qui manque à l’appel. En dehors des craintes pour le fonctionnement des services, les inquiétudes pèsent aussi sur les crédits accordés par l’État à l’association honfleuraise
Pierre Levallois explique :
« dans le cadre du plan de relance gouvernemental post-confinement, il a été demandé à toutes les structures d’insertion de créer des postes ».
C’est ce qu’Être et Boulot a donc fait, en ouvrant 18 postes.
« L’an passé, on sentait déjà les prémices : on n’a pas recruté assez donc l’État nous a demandé de restituer six postes ».
La nouvelle convention cette année est passée à 42 équivalents temps plein… Soit une soixantaine de personnes à employer au total… Alors, avec seulement 33 postes pourvus aujourd’hui, le compte n’y est pas.
Le directeur d’Être et Boulot a donc décidé de communiquer envers tous les maires de la communauté de communes du pays de Honfleur-Beuzeville pour partir à la recherche de candidats : « Audrey Hautecouverture, notre assistante communication, a envoyé un mail à tous les élus, car souvent les maires ont connaissance de certains dossiers de leurs administrés et de facto, on aura peut-être de nouvelles embauches » espère le directeur d’Être et Boulot. Les plaquettes de présentation des activités de l’association ont été revues, et des fiches de poste ont été jointes au courrier…
La mobilité est un frein au recrutement
Les difficultés liées à l’embauche sur des contrats à durée d’insertion sont nombreuses. Parmi elles, la mobilité :
« la majorité de nos salariés n’ont pas de permis de conduire. Et donc, on ne peut pas affecter ces personnes à des tournées de récupération de collecte de textile par exemple. C’est un vrai problème pour le fonctionnement de l’activité ».
Idem pour la ressourcerie qui propose de débarrasser des maisons : le permis de conduire s’avère souvent incontournable.
Or, si les candidats au travail ne sont pas là, Être et Boulot va devoir rendre ses crédits pour l’année. En attendant, la structure continue d’assurer son rôle d’insertion :
« L’État n’est pas content car on ne satisfait pas nos obligations d’occupation de poste, néanmoins, on arrive à un bon niveau de résultats en termes d’objectifs de formation et de sortie à l’emploi avec un taux de 60% »
assure Pierre Levallois. Le constat est là :
« on a plus de personnes qui sortent vers l’emploi que de personnes qui entrent ».
En mai 2022, quatre salariés d’Être et Boulot ont trouvé un travail, et en avril, sept personnes. Peut-être faudrait-il donc voir le verre à moitié plein ?