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Inflation : en Touraine, les associations d’aide aux plus démunis craignent une « rentrée de tous les dangers »

Avec une inflation de 6,1% en juillet sur un an, les fins de mois sont de plus en plus difficiles à boucler pour de nombreux Français. En Indre-et-Loire, les associations qui viennent en aide aux plus démunis en constatent déjà les premières conséquences. Et ce n’est pas fini.

À l’ouverture de la distribution, la file d’attente est déjà bien fournie au centre des Restos du Cœur Febvotte à Tours. À 39 ans, Seb vient pour la première fois. Il est, comme beaucoup, étouffé par la hausse des prix de la vie courante. L’inflation était de 6,1% en juillet sur un an. « Je n’aurais jamais pensé me retrouver là mais tout augmente. Même la bouteille de Cristalline a pris deux centimes. Quand on additionne tout, on ne s’en sort plus. »

Au fur et à mesure que son caddie se remplit de viande, de fruits et légumes, ce chômeur longue durée retrouve le sourire. « Je vais me faire des bons petits plats, ça fait plaisir. » Ses gros sacs lui feront le semaine et lui permettront de manger à sa faim. Ce qui n’est pas vraiment le cas c’est temps-ci. « J’arrive à payer mes factures mais c’est au détriment des courses. La dernière semaine du mois, je n’ai plus les moyens d’y aller. Je rationne, à chaque fois un peu plus, ce que je mets dans mon assiette. C’est une sorte de jeûne forcé ».

10 à 15 inscriptions par jour d’ouverture

Des nouveaux bénéficiaires comme Seb, l’été, ce n’est pas fréquent d’ordinaire. « Les autres années, on en avait un ou deux, explique Patrice est l’un des bénévoles du centre des Restos du Cœur Febvottes à Tours. Mais là, depuis le début de l’été, on a entre 10 et 15 inscriptions chaque jour d’ouverture. Comme on est ouvert trois jours par semaine, ça fait environ 120 nouveaux bénéficiaires par mois. C’est préoccupant pour l’hiver qui s’annonce. » Parce que l’hiver, comme les conditions d’inscriptions sont plus souples, de nouveaux publics pourraient bénéficier des Restos. Sans compter que l’inflation pourrait atteindre les 10% dans les supermarchés d’ici la fin de l’année.  « C’est la rentrée de tous les dangers, nous avons aussi les étudiants qui vont arriver et il va falloir répondre à cet afflux, poursuit Patrice. Il va nous en falloir plus de bénévoles. Mais ça prend du temps de les former. »

En Indre-et-Loire, l’association fournit cette année 22% de repas en plus par rapport à l’an dernier, à la même période. Un centre est particulièrement en tension, celui de Nazelles-Négron. À la fin de l’année 2021, il comptait 65 bénéficiaires. Actuellement, alors que 2022 n’est pas terminé, il en accueille 390. 

10 à 15% de bénéficiaires en plus, on aura du mal à gérer

La Banque alimentaire d’Indre-et-Loire observe aussi cette « tendance inquiétante ». Son président, Jean-Paul Baunez, a déjà enregistré une hausse de 4% de bénéficiaires en 2021. Ce sera forcément plus à la fin de l’année 2022. « Cette année, en plus de l’inflation, il y a les réfugiés ukrainiens, explique-t-il. On en aide 80, avec la Croix-Rouge, au camping de La Ville-aux-Dames et 150 à 200 qui sont suivis par l’association Touraine Ukraine. C’est à prendre en compte. En fait, une hausse de 5-6% de bénéficiaires, ça peut aller. Mais à 10 à 15%, on aura du mal à gérer. On ne pourra pas avoir autant de denrées alimentaires en plus. »

La Banque alimentaire d’Indre-et-Loire vient en aide à 20.000 bénéficiaires, l’équivalent d’une ville comme Saint-Avertin et distribue chaque année l’équivalent de 3 millions de repas, grâce aux 1.700 tonnes de denrées récoltées.

Quant aux fournitures scolaires, le Secours populaire à Tours débute sa distribution jeudi 1er septembre et recense déjà six fois plus de demandes que pour celle de la rentrée 2021.