Se connecter ➜ Adhérer

À Brest, le nombre de familles sans-papiers hébergées par l’association Digemer a doublé

« Ça a explosé tout d’un coup ! » Président de l’association brestoise Digemer, Jean Le Velly est engagé depuis longtemps pour venir en aide aux personnes sans-papiers. Mais il se confronte aujourd’hui aux limites de sa structure, qui s’est donnée pour mission de leur trouver des hébergements. « Aujourd’hui, nous nous occupons d’une soixantaine de familles. Ça a doublé en trois ans », constate-t-il.

Autorisations de séjour refusées
Non pas car elles seraient plus nombreuses à arriver à Brest, mais plutôt car les difficultés se sont accrues pour renouveler les titres de séjour, estime Digemer. Depuis 2020, ses bénévoles ont en effet vu apparaître de nouvelles situations : « Désormais, ce sont des médecins de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) qui décident de délivrer des certificats permettant d’obtenir une autorisation de séjour pour raisons de santé, raconte Jean Le Velly. Et d’un coup, ça a été des refus presque systématiques. » Privées de permis de travail, des personnes pourtant installées depuis plusieurs années se sont ainsi retrouvées « à la rue, faute de pouvoir payer leur loyer ».

Résultat, Digemer n’est aujourd’hui plus en mesure de prendre en charge de nouvelles familles. « C’est trop pour une association n’ayant pas de permanent », déplore Anne-Françoise Le Gendre, l’une de ses 200 membres.

Des logements mis à disposition
C’est pour venir en aide à un groupe de migrants s’étant installé sous des tentes au port de commerce de Brest, en 2013, que s’est créée Digemer. « On les a accompagnés de squat en squat, jusqu’au moment où on s’est affrontés directement au préfet de l’époque. Il payait très cher des hôtels alors qu’il y avait des milliers de logements libres à Brest. Il nous a mis au défi de lui trouver des logements vacants. C’est ce qu’on a fait », retrace Jean Le Velly.

Et ce qu’ils ont continué à faire, les mettant à disposition « de façon temporaire et sommaire ». Ces lieux appartiennent généralement à des institutions, comme des diocèses ou des congrégations, ou alors à des particuliers. « C’est souvent la maison de la grand-mère qu’on n’a pas envie de vendre tout de suite et qui est prêtée ou louée en attendant », illustre le président de Digemer.

Cent pour un toit
Depuis 2017, la majorité de ces hébergements passent par le dispositif Cent pour un toit. Le concept : cent personnes versent chacune cinq euros par mois, ce qui permet de payer le loyer d’une famille.

« Lorsqu’un collectif se fédère autour d’une situation individuelle, c’est vraiment ce qu’il y a de plus efficace », souligne Anne-Françoise Le Gendre. Aujourd’hui, Digemer est pourtant obligé de « dire stop » lorsqu’ils sont sollicités lors de la création d’un nouveau collectif Cent pour un toit.

Avec Jean Le Velly, ils souhaitent aujourd’hui « retrouver l’esprit de l’association » et appellent de « bonnes volontés nouvelles » à les rejoindre. Une réorganisation de Digemer est prévue ainsi que des rencontres entre les personnes hébergées et la population brestoise, afin d’ouvrir leur mobilisation vers l’extérieur.