Se connecter ➜ Adhérer

Cherbourg : une association recherche des témoignages et archives sur l’histoire des CMN

Existant depuis le début d’année, l’Institut d’Histoire Sociale CGT de la Manche mène son premier grand projet : la réalisation d’un document sur l’Histoire sociale des CMN.

Ils veulent comprendre et mieux appréhender « la culture commune d’entreprise forte » qui règne au sein des Constructions mécaniques de Normandie (CMN), implantées à Cherbourg-en-Cotentin. Les membres de l’Institut d’Histoire Sociale (IHS) CGT de la Manche, une jeune association fondée au mois de janvier 2022, n’ont pas attendu longtemps pour se lancer dans leur premier projet d’envergure.

On veut se pencher sur l’Histoire ouvrière, sociale et politique des CMN, de sa création en 1956 par Félix Amiot jusqu’en 2006. L’idée est de présenter l’historique des emplois, des différentes stratégies politiques ou encore des grands mouvements sociaux.

Louis Avoine
Président de l’IHS
Objectif : réaliser un document, comme un livre, d’ici à un an et demi. Voire même fonder une grande exposition sur les CMN.

À lire aussi

Cherbourg. En visite aux CMN, le ministre apporte un soutien « de principe » à la filière hydrolienne
Un appel à témoignages
Pour ce faire, de très nombreuses archives manuscrites occupent déjà les armoires des locaux du syndicat CGT CMN.

On va trier et numériser l’ensemble de ces documents papiers. On aimerait aussi rencontrer la direction des CMN, car ils possèdent sans doute des archives.

Mais l’IHS CGT de la Manche souhaite aller encore plus loin pour mettre en lumière l’histoire sociale des CMN. « On voudrait recueillir la parole, les témoignages et les anecdotes de ceux qui ont travaillé ici, et en particulier des plus anciens. Il serait très intéressant de collecter les souvenirs des mémoires ouvrières de ceux qui ont façonné Cherbourg et ses environs. Cela permettrait de connaître les conditions de travail à l’époque et de mieux se rendre compte de l’évolution », indique Vincent Truffert, membre de l’IHS et du syndicat CGT CMN des retraités.

Pour les personnes intéressées, une permanence sera organisée chaque lundi matin au local syndical.

L’Institut d’Histoire Sociale, une jeune association
L’Institut d’Histoire Sociale CGT de la Manche a été créé en janvier 2022. « Notre volonté est de toucher un large public sur l’histoire sociale et syndicale, en mettant à disposition des documents historiques et des archives. L’idée, c’est aussi de se servir des expériences sociales et politiques du passé pour ne pas commettre les mêmes erreurs », présente Louis Avoine.

L’association est ouverte à tout le monde, et pas uniquement aux membres de la CGT. « Nous sommes encore en cours de structuration. On est en train de créer un site internet et de chercher un local, ainsi que le moyen de diversifier nos sources de documentation. On aimerait également travailler avec les universitaires, pour organiser des conférences communes par exemple, et intervenir ponctuellement dans les collèges ou les lycées. »

Une longue histoire
Entre la CGT et les CMN, qui compte aujourd’hui près de 500 salariés, c’est une longue histoire vieille de 76 ans. « Le syndicat a toujours été présent aux côtés des salariés, y compris pendant les périodes difficiles, les vagues de licenciements notamment », note Vincent Truffert.

Le point culminant de ce combat syndical remonte au 16 mars 1986. Le point de départ d’événements douloureux. « C’est le jour où la direction annonce aux salariés la fin de tous les acquis sociaux et remet en cause les accords d’entreprise. Les salaires sont gelés et les primes disparaissent. Cela amputait quasiment de 10 % les revenus des salariés, jeunes en majorité. Ce fut un réel choc », retrace Vincent Truffert.

Un combat
Quelques mois plus tard, en septembre, un plan licenciant 430 personnes sur les 1 500 salariés de l’époque est annoncé. 334 d’entre eux vont finalement devoir quitter l’entreprise en 1987, après que la famille Amiot ait vendu la société à la Financière de Rosario. « La CGT s’est mobilisée et s’est battue, avec des débrayages, des prises de parole, des cortèges. Nous avons été soutenus par les élus locaux et les entreprises voisines. » L’affaire devient politique, avec notamment l’implication du Premier ministre de l’époque Jacques Chirac.